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A la recherche de « zen » (1)

Les faits exposés dans les  deux articles qui suivent, sont mes observations et vécus personnels. Ils sont le résultat d’une généralisation. Des banquiers, des cadres, des fonctionnaires de haut niveau, des diplômés heureux des universités étrangères – ponctuels et rigoureux –  il y en a, sauf que je ne les rencontre pas dans la vie de tous les jours. Leur faible pourcentage se perd dans le nombre des simples habitants de ce pays africain.

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Nous sommes tous des homos sapiens et sommes, néanmoins, tous différents. La diversité est formidable, mais accepter nos différences est la tâche la plus difficile, surtout quand il s’agît de cultures différentes. Naturellement nous comparons les autres en fonction de nos propres normes, croyances, modèles de comportement, habitudes et coutumes. Il n’est pas rare que cela résulte en conflits intérieurs ou, pire encore, mène vers des conflits extérieurs. La vérité est que chaque immersion dans une autre culture nous rend plus souple, plus ouvert et, à la fin, on en sort plus sage. Dans le cas contraire, nous serons amenés à doubler la leçon. Pourquoi ? Parce que je pense que tout ce qui nous arrive dans la vie est le résultat de nos choix, conscients ou inconscients, ainsi que des conséquences de nos pensées, voir nos états psycho-émotionnels qui créent une sorte d’échange énergétique avec l’Univers. Non, je ne me suis pas convertie en une baba cool ésotérique. Je suis persuadée que nos pensées ont une force, une sorte d’énergie comme toute autre chose.

Ça fait un moment que je demande à l’Univers de m’envoyer un peu de « zen ». Le colis avec le « zen » n’étant pas arrivé (ce n’est pas surprenant, vue l’état de la poste en Afrique), j’ai compris que je dois le cultiver à l’intérieur de moi par mes propres moyens. J’en ai besoin depuis longtemps puisque, en Afrique (e.i. Gabon), avoir du « zen » est une condition de survie indispensable pour un(e) Européen(e). Vous pouvez apprendre par cœur les œuvres de Hofstede et Trompenaars, ou de n’importe quel autre ouvrage au sujet de la communication interculturelle (c’est, d’ailleurs, assez intéressant) mais vous n’éviterez pas la crise de nerfs ou l’effondrement cérébral. Il n’y a pas de secret – les différences culturelles s’apprennent par votre propre vécu grâce à une immersion totale et prolongée.

Alors, pourquoi il est nécessaire de faire pousser le « zen » en Afrique?

La cause numéro 1 – le temps.

Avertissement : les personnes extrêmement ponctuelles, peuvent être traumatisées par le texte ci-dessous. Vous êtes prié de vous abstenir de la lecture.

Le temps en Afrique est différent. Est-ce que cela est dû au climat (lourd, chaud et humide), au mode de vie, au bordel économique, aux aléas de l’histoire qui, au fil des années, avaient créé la philosophie existentielle d’aujourd’hui? Quand nos amis expérimentés nous disaient « vous verrez, c’est super l’Afrique mais c’est spécial », je ne comprenais pas très bien ce qu’ils avaient voulu dire par « spécial ». En réalité, le temps ici est une notion très relative. Il est lent, il est dépourvu de frontières. Dès ma première arrivée, j’ai remarqué la démarche bien posée des officiers de frontière à l’aéroport, le déhanchement lent des femmes dans la rue – pas de précipitation, pas de stress – tranquille. On coule « cool » et tout le monde peut attendre – c’est le principe de «gabonitude ». C’est génial si on est en vacances et on le pense vraiment pendant les premiers mois de séjour. Le cadre paradisiaque oblige – palmiers, bananiers, badamiers, flamboyants, l’océan immense au pied de l’immeuble sans parler des +28 éternels et beaucoup, beaucoup de couleurs ! Mais… les malheureux sont ceux qu’y travaillent.

Prenons la ponctualité. Oui, je sais on a tous quelque-chose à nous reprocher, moi en première, seulement, ici, vous l’oubliez. Tous les expatriés savent qu’un rendez-vous fixé à 9h a peu de chances d’avoir lieu. Il peut : (a) n’avoir pas lieu, (b) avoir lieu dans un temps indéfini plus tard, (c) avoir lieu à 9h mais demain-après demain et ce, avec un étonnement naturel de la part des retardataires contre le mécontentement et la surprise de la partie accueillante – « On est venu à 9h, comme convenu! C’était hier ? Peu importe, l’essentiel est qu’on est venu!» Et encore, je ne parle pas des annulations et des reports fréquents. Quand je demande comment travaillent les entreprises ici, les malheureux répondent par un haussement des épaules – comme on peut, à l’africaine.

Les établissements publics, des écoles et certaines entreprises au Gabon commencent le travail à 7h00 -7h30 et le termine à 15h30, sans oublier la pause du midi, bien évidemment. Le rêve, non ?

Parlons de la vie quotidienne. J’attends l’agent immobilier. Une demi-heure avant le rendez-vous un coup de téléphone: « Madame, j’arrive avec 20 minutes de retard ». Quelle politesse, dites-vous, sauf qu’en réalité 20 minutes se sont transformées en une heure et surtout pas d’excuse à l’arrivée. C’est normal. En outre, 15 minutes de retard de politesse en cas d’invitation se transforment en 30-45 minutes. Le suspense! L’autre jour, j’attendais un menuisier pour une réparation anodine. J’ai attendu un mois après son apparition furtive un lundi matin avec une promesse de revenir jeudi. Quelques semaines plus tard, un appel : « Il vient ce midi ! ». J’attends. A trois heures de l’après-midi, personne. Le menuisier est venu samedi matin à 8h. Nous nous sommes particulièrement « réjouis » de sa visite. Vexé, il lance : « si vous ne voulez pas, je viendrai plus tard ! » – « Non ! Non ! » – cédons-nous devant la perspective de le perdre à jamais. Pour tout vous dire, les Gabonais sont très sensibles aux réactions énervées et aux expressions négatives agitées. Ils se vexent et se taillent pour toujours, annulent tous les accords ou arrangements, peu importe si vous avez la matière à vous énerver.

Je ne vous parle pas du trafic aérien, c’est une équation avec deux inconnues – on ne sait jamais quand on va partir et à quelle heure on va arriver. Vous vous souvenez de notre départ à Sao-Tomé ?

Tout cela vous fait de la place pour planter votre « zen ». Vous vous énervez au départ, parce qu’il faut aller vite, parce que vous avez mille autres choses à faire et puis la vie est trop courte. Pourtant la graine de zen est déjà là, sans que vous le sachiez. Quelques cellules nerveuses brulées, vous commencez à relativiser le temps annoncé pour un rendez-vous, ne plus attendre d’exécution immédiate de vos demandes même au supermarché, accueillir sans surprise un ouvrier venu aujourd’hui au lieu de la semaine prochaine.

Alors, ça vous intéresse la cause numéro 2 ? Celle-ci va enraciner votre « zen » définitivement. J’y réfléchis car c’est une question sensible et délicate. Je dois être diplomatique et politiquement correcte.
A suivre…

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