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Sao-Tomé -et-Principe (1) : le paradis perdu

Chapitre 1 : « les bonnes choses se font attendre… »

Une petite île du golfe de Guinée perdue dans l’océan Atlantique à 250 km des côtes Gabonaises et moins de 45 min de vols depuis Libreville. Je n’en ai jamais entendu parler avant et si ce n’était notre mission au Gabon, elle resterait juste un nom sur la carte. Parce que, franchement, pour y aller depuis l’Europe il faut déjà être instruit en géographie et ensuite être mordu par l’envie des aventures irrésistibles sans penser au coût. «L’île du milieu du monde » porte bien son surnom puisqu’elle se trouve au croisement de l’équateur et du méridien imaginé de Greenwich, pas précisément mais à peu près. Sao-Tomé-Et-Principe ne figure pas parmi les destinations phares des prospectus touristiques, du moins en France. En revanche, elle est très bien connue par les biologistes, scientifiques, ornithologues, un peu par les chefs et les experts des projets  🙂 et puis, suite aux péripéties de l’histoire, par les Portugais. C’est un paradis terrestre avec une flore et faune quasiment intacte et riche. On y trouve la forêt tropicale, la savane avec des vrais baobabs, les montagnes allant jusqu’à 2020 m (Monté Pico), les plages de sable noir ( volcanique) et jaune, des eaux turquoises et bien sûr les roças (plantations) de cacao, café et bananes . Eh oui, Sao-Tomé était dans le temps un fournisseur renommé de cacao et de café de grande qualité. Elle se bat aujourd’hui pour retrouver cette réputation.
Il est  difficile, voir impossible de résister aux réactions de tous nos connaissances locales, qui, en parlant de cette île prennent un air rêveur avec un sourire béat les yeux vers le ciel. Bref, dès que l’occasion s’est présentée nous avons sautés dans l’avion.

Bon, «sauté», c’est un gros mot si vous avez pris les billets d’Afrique aviation. Dans notre cas, le saut a été très-très-très ra-len-tiiiiiii. Au lieu de cinq heures de l’après midi, nous avons atterri à onze heure du soir. Je ne vais pas vous décrire des heures d’attente, des va et vient à l’aéroport (oui, on nous a laissé sortir après le passage du contrôle et oui, le contrôle de sécurité est très approximatif). Disons seulement que l’aéroport de Libreville ce n’est pas CDG et la communication du personnel de la compagnie est parfaitement africaine : à 18h15 ils nous confirment le décollage prévu à 19h30 et une fois à l’aéroport (tentative n° 2, après la n°1 à 14h00), ils nous disent de ne pas croire au tableau des vols indiquant le départ à 21h00. Et encore ! Ce n’était pas définitif ! Le temps est une chose bizarre, c’est une chose élastique. Son élasticité dépend de son champ d’application. En cas d’attente, il est interminable. En répétant le mantra « plus jamais Afrique aviation », j’étais abordée par un homme : « Malabo ?! » – demandait-il, un air en peu désespéré avec les prémices de la folie dans les yeux. – «Non. Sao-Tomé…». Il a fait le tour de trois comptoirs, regardé à nouveaux le tableau, sa montre, puis le tarmac, puis redemandé à d’autres. J’ai regardé le tableau aussi et….. mince ! Son vol est déjà parti. Les gens autour ont commencé à rire nerveusement. Vous savez pourquoi ? – Son vol est parti avec une heure d’avance ! L’AVION EST PARTI AVEC UNE HEURE D’AVANCE ! Tous est possible en Afrique ! Il ne faut rien prendre au sérieux pour survivre. Bref, vers 21h30 galopant sur le tarmac sous la pluie, tous les passagers enjoués du vol Libreville – Sao Tomé se sont envolés au paradis (vu que j’écris ces lignes, c’est au sens figuratif bien sûr !). Pour terminer, devinez quelle est la devise d’Afrique aviation – « Vous êtes mieux en notre compagnie » ! – Sans doute….

Nous avons eu de la chance. A l’arrivée, nous étions attendus par le loueur de notre voiture et par Tiziano, le propriétaire de « Mucumbli » – notre éco-logde en l’occurrence. Je dois dire qu’à onze heure du soir, ça vaut de l’or, en sachant qu’il fait nuit depuis plus de quatre heures, que nous n’avons pas le moindre centime de « dobra » (monnaie locale), que nous ne connaissons pas la route vers le « lodge » et que nous ne parlons pas portugais. En plus, Tiziano nous a avancé de l’argent pour acheter de l’essence car à Sao-Tomé on loue les voitures avec un réservoir vide.

Après une journée d’attente, un peu d’adrénaline la nuit ! 27 km en une heure sur une petite route du nord qui sillonne le plateau, grimpe la montagne et longe la mer. Les yeux écarquillés des chèvres attrapées par la lumière des phares, des chiens en grande quantité au bord de la route et les nids de poule – nids de poule- trous-et-nids de poule ! Si mes yeux pouvaient percer un trou dans l’espace, je l’aurais troué la nuit.
– Tu as vu des baobabs? – sans lâcher la route du regard, demande mon brave,
– Quel baobab?! Là! A 23h30 ! Je suis morte de trouille et, honnêtement, contente de ne rien voir autour, vu les bruits dehors…
– Bon, dans le guide, ils ont dit qu’il y a des baobabs et un paysage de la savane. – Voilà qu’il est curieux, curieux jusqu’aux bout des ongles et les pointes de ses courts cheveux frisés.

Sao-Tome carte

Le brave personnel de « Mucumbli » avec Maurizio à la tête, nous a accueillis les bras ouverts et un repas qui nous attendait à minuit. Tout est plongé dans le noir. Les lumières rares et des lampes torches des gardiens nous indiquent le chemin. Selon nos yeux et oreilles nous sommes dans la forêt sur la colline qui surplombe l’océan. J’entends son grognement incessant en bas.
– Regardez le ciel – nous invite Maurizio. Nous levons les têtes et oublions de respirer. Waouh!!! Au dessus de nos têtes un atlas astronomique grandeur nature, une beauté aspirante à faire exploser l’imagination. Voilà, la fin méritée du début de notre périple…

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